On est à Liège, en pleine révolution industrielle, moitié du 19ème siècle. A ce moment-là, les établissements industriels poussent comme des champignons de Verviers à Seraing. On voit naitre la première liaison ferroviaire internationale qui relie Liège à Aix La Chapelle, l’usine métallurgique de Ougrée ou encore l’industrie brassicole Piedboeuf. Bref, Liège explose, c’est une ville riche à souhait.
Au milieu de tout cette agitation, en 1836, on entend les cris d’une petite Léonie. Elle nait dans une des familles les plus nobles de la région. Son père, le baron de Chestret de Haneffe, est sénateur libéral. A l’époque, ça veut dire qu’il est de gauche et qu’il défend les droits de celles et ceux que la révolution industrielle laisse de côté : les ouvriers et les femmes. Léonie a deux ans lorsqu’elle perd sa maman. Dans cette grande tristesse, c’est une relation assez inédite qui se crée entre un papa et sa fille. Évidemment, comme dans les riches familles, Léonie est éduquée à temps partiel par des gouvernantes, sur des sujets bien particuliers comme les langues. Mais la plupart du temps, c’est son père qui l’élève.
Léonie est une enfant hyper stimulée. Son père l’emmène partout : dès qu’il prend le train et qu’il quitte la cité Ardente pour la capitale, elle l’accompagne et il en profite pour lui lire le journal et lui raconter les événements politiques et sociaux d’aujourd’hui. Le soir, quand il rentre, il lui demande de l’aide pour écrire ses correspondances, en la corrigeant sur ses fautes de vocabulaire et de grammaire. Bref, à 12 ans, Léonie a déjà un vrai regard sur le monde, critique, tolérant et clairement… démocrate.
On avance dans le temps… Elle finit par épouser le baron Victor de Waha (oui oui, vous voyez où je veux en venir) qui est un peu son miroir sur les valeurs qu’ils prônent. Monsieur est d’ailleurs l’un des dirigeants de la société de bienfaisance Franklin qui construit des bibliothèques populaires pour les ouvriers ainsi que des embryons d’écoles. Bon, malheureusement, il décède 4 ans après leur mariage et elle se retrouve donc veuve à 31 ans.
Et c’est LE tournant de sa vie. Alors qu’elle aurait pu être complètement détruite par la perte de ses parents et de son mari, elle décide plutôt de dévouer tout son temps, toute sa fortune et son héritage immobilier, intellectuel et financier à l’instruction des jeunes filles.
Il était une fois… Léonie de Waha